L’analyse des finances communales, un sujet complexe
L’analyse des finances des communes est complexe et peut être sujette à beaucoup d’interprétations. Cependant, les comptes de toutes les communes étant publics (comptes-des-communes-2016-2023), différents organismes indépendants évaluent la santé financière des communes et les comparent entre elles.
Par Houilles, ma ville | Publié le 1 février 2025, mis à jour le 10/02/2025 | Retour aux dossiers
Illustration du budget et des finances de Houilles
De manière très synthétique, trois critères permettent d’analyser la santé financière d’une commune :

➝ Le niveau d’endettement qui donne une idée de la gestion passée

➝ La pression fiscale (impôts locaux)

➝ Les coûts de fonctionnement et en particulier l’autofinancement, c’est-à-dire la capacité de la ville à dégager des excédents de fonctionnement pour financer des investissements

Mais ces trois critères ne suffisent pas pour dire qu’une commune est bien gérée ou non. En complément de la santé financière, il faut, également, évaluer le niveau de service public rendu (équipements et qualité des services). Une ville peut être bien gérée tout en étant très endettée après avoir beaucoup investi dans des équipements publics de bonne qualité et dont les coûts de fonctionnement sont optimisés (faible consommation d’énergie, multi-usages…).

Enfin, toutes les villes ne partent pas avec les mêmes chances : plus la population de la ville est pauvre plus les besoins sociaux seront importants. A l'inverse, si la ville accueille sur son territoire de nombreuses entreprises, elle bénéficie de recettes supplémentaires. Un système de péréquation financière existe entre les communes mais il ne corrige pas toutes les inégalités.
Derrière un classement douteux, la majorité tente de masquer des comptes qui se dégradent
Dans l’Ovillois Mag' de mai 2024, la majorité municipale se gargarise de la note de 18/20 que l’association « Contribuables Associés » a attribué, en 2022, aux finances de la ville.

Cette association, qui se déclare apolitique, est en réalité un lobby épinglé à plusieurs reprises dans les médias pour sa proximité avec l’extrême droite (cf. wikipedia) et qui se bat pour que l’État ainsi que les collectivités territoriales réduisent au maximum leurs dépenses. Moins une ville dépense d’argent, mieux elle est notée… quelle que soit la qualité des services publics rendus. Notre collectif ne partage pas ce parti pris.

La majorité municipale fait confiance à cette association pour évaluer ses finances publiques. C’est son choix.

Mais regardons plus en détail les 4 composantes de cette note.

Pour 2 des 4 composantes de la note, la Houilles bénéficie de l’héritage de l’ancienne majorité d'Alexandre Joly avec une « pression fiscale » modérée (17,1/20) et un « endettement » très faible qui lui également une bonne note (18/20).

Sur les deux autres composantes, qui dépendent directement de sa gestion sur l’année 2022, la ville est évaluée, respectivement, à 8,9/20 et 8,3/20 pour l' « Autofinancement » et les « Coûts fixes ».

Avec 2 composantes sur 4 sous la moyenne, Houilles est quand même notée 18/20 par cette association en note générale !

Si on met en balance maintenant Houilles et Sartrouville, la comparaison n’est pas flatteuse. Sartrouville est également notée 18/20 par ladite association mais ses notes sont bien meilleures avec 18/20, 18/20, 15.5/20 et 15.1/20.
Image argus des communes : Houilles
Image argus des communes : Sartrouville
D’autres sites proposent des critères d’analyse plus transparents et surtout plus transparents tel que le site https://www.decomptes-publics.fr

La différence en Sartrouville saute alors aux yeux.
Tableau comparatif entre Houilles et Sartrouville
On retrouve les 2 points forts financiers : « la dette » et la « pression fiscale » qui sont notées A. Sur les autres critères, évaluant la gestion en 2022 ville, (« Charges de personnel » et « Rigidité structurelle »), Houilles est très mal notée.
Un très faible niveau d’investissement depuis le début du mandat
Après 5 ans de mandat :

➝ Les grands projets structurants promis par la majorité municipale ont été abandonnés : un nouveau gymnase (5 millions d’euros), une salle de spectacle (15 millions d’euros), un nouveau groupe scolaire (20 millions d’euros)

➝ Plusieurs projets tardent à se réaliser (la maison de santé) et de nombreux autres sont reportés d’année en année (le square Brassens, la rénovation de l’église…)

➝ Les dépenses d’entretien des équipements publics sont au plus bas (dans les gymnases et les écoles en particulier)

Toute la communication faite sur la rénovation de la place Michelet à venir (2,5 millions d’euros) et celle du parc Charles de Gaulle (4,3 millions d’euros) ne change rien à la réalité : la majorité réalise très peu d’investissement.

Sur ses 5 premières années du mandat, le maire a investi en moyenne 8,8 millions d’euros par an. Il aurait fallu qu’il investisse près de 50% de plus pour tenir ses promesses de campagne (soit 12 millions d’euros par an).

Il fait donc moins bien que son prédécesseur qui réussissait à investir chaque année près de 11  millions d’euros, en moyenne, et qui avait fait construire le gymnase Jean Bouin I, le nouveau centre technique et le nouveau bâtiment dans le groupe scolaire Buisson-Bréjeat-Kergomard.

Pour 2024, le maire annonçait 16,5 millions d’euros de nouvelles dépenses d’équipement sur l’année. En réalité, 6,6 millions seulement ont été investis. En 2025, il en promet 19,5 millions… Faut-il encore le croire ?

Bilan des investissements 2024 annoncés dans l’Ovillois mag’ d’avril 2024 (page 13)
Image sur le bilan d'investissements 2024 à Houilles
Des coûts de fonctionnement non maîtrisés
Les coûts de fonctionnement sont en hausse depuis le début du mandat, notamment à cause de :

➝ Dépenses RH non maîtrisées du fait de l'incroyable turn-over [Mettre article vers le dossier RH]  du personnel (27% en 2023) qui entraîne des embauches de salariés contractuels et fait s’envoler la masse salariale qui 60% du budget de fonctionnement (27,3 millions d’euros en 2023).

➝ Réalisation depuis le début du mandat de très nombreuses études (600 000 euros chaque année en moyenne), souvent inutiles ou sans lendemain : Houilles à Voix Haute, construction d’un bâtiment administratif, analyse des besoins sociaux, étude d’accessibilité, nouvelle cité éducative, maison Schoelcher.

➝ Une mauvaise gestion : commande de travaux pour des montants supérieurs à 40 000 euros sans mise en concurrence, sous-traitance de l’instruction des permis de construire, management de transition, surcoûts liés au retard sur le chantier de l’école Allende…

➝ Un goût immodéré pour la communication et autres fêtes et cérémonies : 1,2 million d’euros par an.

Cette hausse des coûts de fonctionnement au regard de l’absence d’amélioration réelle des services publics (propreté, entretien des espaces publics…) est un indicateur de la mauvaise gestion actuelle.

Enfin, il est effarant que la ville ne soit pas dotée d’outils de contrôle de gestion.
Il est anormal que le maire ait dû emprunter 3 millions d’euros fin 2024 pour boucler son budget
Le 24 décembre, le maire a contracté, in extremis, sans même en informer le conseil municipal un emprunt de 3 millions d’euros pour régler ses dépenses de l’année écoulée.

Il est normal qu’une ville s’endette pour réaliser de nouveaux équipements publics plus rapidement. Mais ce n’est pas le cas à Houilles puisque le maire a renoncé à construire les nouveaux équipements publics qui figuraient dans son programme électoral.

Une bonne gestion municipale implique que les travaux d’entretien et les grosses réhabilitations soient auto-financés quitte à réduire des dépenses superflues.

Dans tous les cas, l’Etat recommande aux villes de flécher 12% de leurs recettes pour entretenir l’existant et/ou investir dans de nouveaux équipements. La majorité précédente y consacrait même 15%. Depuis trois ans, c’est moins de 9%, soit 1,2 million d’euros en moins chaque année au minimum.

Où file l’argent ? Dans les dépenses de fonctionnement.

Mais emprunter ne lui suffit pas. Il continue également de brader la ville et projette de vendre des terrains pour 3,2 millions d’euros en 2025 et, notamment, la crèche des Alizés et la maison bourgeoise à l’angle de la rue Carnot. Entre 2020 et 2023, la majorité actuelle a déjà vendu pour 3,3 millions d'actifs.

Tant pis si demain son successeur n’a plus ni trésorerie, ni foncier pour construire.
Cette situation est particulièrement inquiétante car dans le même temps les dotations de l’Etat et les subventions publiques sont en baisse constante (cf actu.fr).
Quelle fiscalité communale pour quel projet politique ?
Le réveil risque d’être douloureux après ces 6 années de mandat. Nous en avons pleinement conscience. Nous travaillerons donc suivant trois principes :

➝ Redresser la performance financière : notre municipalité doit retrouver sa capacité à assurer des services publics équivalents ou de meilleure qualité pour moins cher si elle veut pouvoir investir (en retrouvant de l’autofinancement). Pour cela, il sera nécessaire de « réinvestir » dans l’humain et rebâtir une administration performante.

➝ Financer des projets d’investissement en faisant appel à l’emprunt. Notre niveau d’endettement nous le permet mais ces investissements ne devront pas générer de hausse significative des coûts de fonctionnement (l’isolation d’un bâtiment permet la baisse des dépenses d’énergies à l’inverse d’un nouvel équipement public)

➝ Proposer un contrat de ville clair aux Ovillois : des hausses d’impôts peuvent être décidées à condition d’avoir un service public de plus grande qualité. Pendant la campagne électorale de 2026, nous porterons ce débat qui devra se poursuivre pendant toute la durée du mandat au sein du conseil municipal avec l’opposition et, si besoin, en consultant régulièrement les Ovillois en cohérence avec les principes de démocratie participative qui sont les nôtres.
Pour aller plus + loin :
Vidéo de l’intervention à l’occasion du débat d’orientation budgétaire de 2024 lors du conseil municipal du 27 février 2024.
Extrait vidéo de l’intervention sur le compte administratif 2023 en conseil municipal du 2 avril 2024.
Extrait en vidéo de l’intervention sur le budget 2024 en conseil municipal du 2 avril 2024.

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