La maison Schoelcher ou la belle endormie
Chaque 10 mai, l’abolition de l’esclavage est commémorée place Schoelcher à Houilles. Un article du journal Le Parisien rappelle que Victor Schoelcher, le père du décret du 27 avril 1848 abolissant définitivement l’esclavage en France, est également le nom d’une école, d’une avenue et surtout d’une maison dans laquelle le député de Martinique passa les dernières années de sa vie.
Par Houilles, ma ville | Publié le 2 février 2025, mis à jour le 10/02/2025 | Retour aux dossiers
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Source de l'image (recadrée) : DANERARD'S BLOG
En 2011, la ville a racheté pour plus d’un million d’euros cette grande maison de maître et son joli jardin situés 26 avenue Schoelcher.
Le maire d’alors, Alexandre Joly, avait le projet de réhabiliter cette maison dans le but de la transformer en musée. Ce dernier devait dû accueillir une importante collection de porcelaines, de gravures du 19ème, conservées par la ville et ayant appartenu à Victor Schoelcher cet intellectuel autodidacte. Celui-ci fréquentait les cercles du mouvement romantique et ses correspondances avec Victor Hugo y auraient trouvé une place.
Le projet, retardé, ne verra jamais le jour et la maison n’est ouverte que quelques jours par an, notamment à l’occasion des journées européennes du patrimoine.
Juin 2020, la nouvelle majorité municipale élue s’enthousiasme pour la maison Schoelcher et… lance des études
Fin 2022, Catherine Dubois-Loya, adjointe à la culture, déclare dans le journal actu.fr « être tombée amoureuse » de la Maison Schoelcher. La Ville annonce alors la réhabiliter et la rouvrir la maison Schoelcher d’ici fin 2025 pour y accueillir :
➝ Une partie muséale dans plusieurs pièces de la demeure
➝ Un salon d’hiver et un lieu de convivialité pour accueillir les instances Ovilloises citoyennes
➝ Un espace de médiation pour des projets scolaires citoyens
➝ Une résidence d’artiste au 1er étage
Une première étude stratégique est confiée à un cabinet en 2022 pour 13 200 euros. En 2024, une seconde étude est commandée pour 47 520 euros au même cabinet et sans mise en concurrence. En 2025, la majorité a budgété une 3ème étude de 97 520 euros.
En 5 ans, 158 840 euros d’études auront été dépensés
Lors de ces vœux en janvier 2025, le maire continue d’annoncer que le projet est en cours et se félicite mais, à ce jour, aucun projet n’est encore sorti des cartons.
Et pour cause… La réhabilitation de la maison Schoelcher coûterait une fortune. En mars 2023, le montant des travaux était estimé à 2,35 millions d’euros dans le plan pluriannuel d’investissement. En 2024, ce budget a été réévalué à 2,7 millions d’euros.
Pour financer ces travaux, la ville n’a obtenu qu’un label lui permettant d’espérer 500 000 euros de subvention maximum. Rien de sûr et les pistes de financement par du mécénat privé (promoteurs immobiliers) n’ont pas abouti.
De même, les coûts de fonctionnement et d’exploitation du lieu ont été estimés à 280 000 euros par an.
Une belle idée, une gestion de projet calamiteuse et de la communication à outrance
L’intérêt patrimonial de cette maison peut être défendu et l’idée de lui redonner vie en y créant un véritable lieu culturel et scientifique pour y promouvoir la citoyenneté est tout à fait intéressante.
Cependant, l’équation budgétaire était connue depuis le début. Plutôt que de dépenser des fortunes en études pour imaginer un projet non finançable, il aurait été plus stratégique de réfléchir à ce que l’on pouvait réaliser avec un budget raisonnable voire… y renoncer définitivement.
Cette maison n’est pas classée monument historique. Elle peut donc être librement réhabilitée. Un grand chantier citoyen, comme il en existe de nombreux en France, aurait pu être envisagé. Les Ovillois et les artisans locaux auraient certainement répondu à l’appel.
Alors que ce projet n’est pas encore tout à fait enterré, la majorité communique déjà sur d’autres projets tout aussi flous. Réhabilitation de l’ancienne crèche Charles de Gaulle pour accueillir une guinguette et des espaces de coworking, construction d’un imposant immeuble au niveau de l’îlot Carnot et place du 14 juillet avec un restaurant. Nous attendons la suite…
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